Les activités du réseau LEAD ont permis de faire émerger un constat intéressant sur le concept de leadership féminin. Une question vient immédiatement à l'esprit : le leadership a-t-il un sexe ? Ces dernières années, ce débat a véritablement alimenté les conversations, depuis la fontaine à eau jusqu'aux nombreux forums sur le leadership. Je vais tenter d'apporter ici une modeste contribution à ce sujet.
Au risque d'être provocateur, je dirais que le leadership n'a pas de sexe, il est intrinsèquement multiforme. Il s'adapte au contexte, il est situationnel. En fait, dans un contexte donné, il peut y avoir différents styles de leadership qui sont efficaces et utiles. Je préfère donc parler des conditions du leadership. Un bon leader sait créer les conditions nécessaires à la prise de décision, car le leadership, c'est être capable de prendre des décisions, individuellement et collectivement.
Le contexte actuel dans lequel les organisations évoluent ou dans lequel l'incertitude et la volatilité prévalent, nécessite de nouvelles conditions pour que le leadership se manifeste. Ces conditions nous invitent à revisiter les croyances conventionnelles d'un leadership dépassé, héritées d'une époque qui n'a plus de sens. Ces croyances basées sur un leadership plus masculin et charismatique, axé exclusivement sur l'efficacité et l'efficience, ne sont plus appropriées.
Le mythe du leader dit "mâle alpha" est mort. Cependant, certaines organisations peuvent encore s'y référer.
Il est temps de participer à une vision plus progressiste du leadership, une approche dite post-conventionnelle où d'autres qualités sont nécessaires pour créer les conditions d'un leadership durable et inspirant. Cette approche a conduit à l'émergence d'une logique plus holistique et écologique, une réalité dans laquelle l'empathie et la coopération prévalent sur les logiques simplement hiérarchiques et de pouvoir. La capacité à générer des résultats n'est pas sacrifiée et une attention particulière est accordée à la manière dont le résultat est atteint.
L'élément humain est au cœur de l'approche, où le sens est une composante déterminante et où s'exprime la logique de l'intelligence totale. Intelligence cognitive, émotionnelle, sociale, physique et spirituelle.
C'est dans ces conditions que j'assiste à l'émergence et à la puissance de femmes leaders qui démontrent des qualités extraordinaires dans la réalité de leur quotidien : leur capacité à gérer les paradoxes du temps, à concilier les polarités inhérentes à la complexité et les exigences actuelles de leurs organisations.
Mon travail et le développement du leadership aux côtés de ces femmes leaders m'ont permis de constater les tendances suivantes :
- Ils mettent l'accent sur la complémentarité des sexes (et des compétences). Ils se concentrent sur ce qui nous rassemble. Ils transcendent ainsi les stéréotypes et éradiquent les préjugés en célébrant l'unité et la cohésion.
- Ils encouragent les gens à parler en promouvant la liberté d'expression dans un environnement sûr.
- Ils nouent des relations et maximisent les dimensions sociales et relationnelles pour créer une culture inclusive.
- Ils font preuve d'un talent avéré pour utiliser tous leurs sens.
- Ils sont capables de se libérer et d'accepter d'être eux-mêmes. Leur confiance accrue leur permet courageusement de se montrer plus vulnérables et de montrer ainsi par l'exemple qu'il ne s'agit pas d'une faiblesse, mais d'un gage de maturité managériale.
Ils sont plus empathiques et bienveillants, sans pour autant sacrifier un haut niveau d'exigence et des normes organisationnelles et opérationnelles.
Le leadership n'a pas de sexe, mais les femmes sont sans aucun doute en train de changer les conditions d'un leadership plus vert, plus conscient et plus humain.
Merci, mesdames.
Cyril Legrand
Partenaire et compagnon du leadership, France






